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Tambour koto

Lors des dernières funérailles on joue un ensemble de tambours dénommé koto, composé du tambour koto, du bɛrɛ̃ntɛ et du kpegbe bie.
Au commencement de la fête, avant que les chanteuses ne se mettent en place, les hommes frappent les tambours et jouent les flûtes
tɩɩyɑ. On entend également dans cette pièce les clochettes à battant externe bᴐyᴐ avec lesquelles les danseurs accompagnent leur danse (sɑ̃n(ɩ)gɑ) ainsi que le cliquètement de leurs ceintures-sonnailles de cauris tãgɩna.

Interprètes : (Ali, Tokpan, Tiéba, Kolé, Sibiri) Farma

Prémices cérémoniels des dernières funérailles - Ensemble koto
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On désigne par koto, le tambour décrit ci-après, mais également l'indissociable ensemble de trois tambours que sont le koto proprement dit, le bɛrɛ̃ntɛ et le kpegbe bie.

Description

Tambour conique en bois à une peau tendue par des lanières de cuir et un jeu de six clous de bois disposés de manière équidistante autour de la tête de l’instrument. C’est le plus grand tambour des Gan. Le koto d’Opire a une hauteur totale de 115 cm et une peau d’un diamètre de 40 cm.

Jeu

Le koto est légèrement incliné contre un arbre ou un mortier. Il est frappé avec une baguette et une main nue.

Utilisation

L’ensemble koto est joué lors des fêtes de réjouissances, lors des dernières funérailles et le tambour koto isolément pour annoncer un décès. Lorsqu'il s'agit de l'ensemble koto, il faut ajouter à celui-ci les sifflets tɩɩrɑ, les clochettes bᴐyᴐ des danseurs et les chants polyphoniques des femmes qui sont toujours de la fête.

De la conception au baptême

Avant d’abattre l’arbre (nʋmbɑ ; nèrè de Gambie - Parkia biglobosa) qui servira à la fabrication d’un koto, on sacrifie, pour compenser le prélèvement de l'arbre, une chèvre pour la terre et une poule pour l’arbre. A l’issue de sa confection, on accueille le koto avec les mêmes honneurs que l’on réserverait à un étranger, en lui donnant à boire du petit mil écrasé mélangé à de l’eau ; ce mélange est versé à terre près du tambour. On consulte ensuite le devin afin de savoir qui devra lui attribuer son nom et le conserver (l’actuel koto d’Opire est nommé Sʋmɑyɩlɑ̃. Cette charge de la conservation du koto est parfois lourde pour celui qui en hérite car il devra assumer seul tous les frais d'entretien qui sont onéreux pour des gens pauvres. Les frais les plus fréquents concernent le remplacement de la peau. Pour cela, on convoque des femmes qui viennent piler la peau préalablement mouillée dans un mortier pour l'attendrir. Il faut assumer leur nourriture et leur donner à boire, de même pour le sculpteur de koto (koto sege) qui effectue le montage de la peau. La dite peau est rare (donc chère), voire introuvable, aujourd’hui au Burkina Faso puisque l’animal (kura - cobe de Buffon) dont elle est issue a quasiment disparu.

Lorsque le commanditaire du koto, qui en est le propriétaire provisoire, vient voir le devin, ce dernier doit tout d'abord déterminer seul la raison de la venue du consultant. Il désigne ensuite la personne qui conservera le tambour à partir d'une liste de noms proposés par le consultant. Les entités spirituelles désignent le nom par l'intermédiaire du devin. Puis vient la détermination de l'entité spirituelle qui protégera l’instrument, entité appartenant au nouveau propriétaire de l'instrument, là aussi sous forme d'une liste dont chaque nom est refusé ou accepté. Au final, le devin détermine le sacrifice à faire sur l'entité du koto pour installer définitivement ce dernier et lui donner sa « puissance spirituelle ». Le transfert dans la maison du nouveau propriétaire est alors libre et ce dernier donne son nom définitif au koto. A cet égard, on peut considérer que le koto est traité comme un nouveau-né car, dans le cas d’un enfant, ce n’est ni le père ni la mère qui attribue le nom, mais une personne désignée par le devin. Au moment du transfert du koto dans la maison de son gardien, l'instrument peut, selon la croyance, refuser de suivre le commanditaire. En effet, une fois chargé sur la tête du transporteur, il arrive qu'il souhaite se diriger dans une autre direction. Dans ce cas, les alliés de clan du commanditaire le supplie en demandant aux ancêtres de reconnaître l’existence de la relation à plaisanterie.

Déplacement

Dans la plupart des cas, lorsque l’on souhaite déplacer le koto, il est nécessaire de consulter le devin. Celui-ci peut donner une autorisation inconditionnelle ou préconiser l’organisation d’un ou plusieurs sacrifices. De même, lorsque le koto arrive sur le lieu où il va être joué, « on lui offre à boire » ainsi qu’on le ferait pour un étranger. Enfin, lorsqu’il revient « chez lui », on offre un coq à son propriétaire.
Quand le koto quitte la maison pour se rendre à une cérémonie, on frappe trois pièces de répertoires différentes pendant le temps où il est encore à terre. Lors des dernières funérailles, avant de placer le koto à l’endroit où il sera joué, un homme seul le prend sur la tête (car seul un cadavre peut être porté par deux personnes), pied par-devant, et fait trois fois le tour de l’aire de danse — sans respecter un sens de rotation précis — tandis qu'une autre personne en frappe la peau.

Rôle

Le rôle du koto est double : il anime la danse et « protège », selon le mode de pensée animiste. Rappelons que le koto est lui-même protégé par une entité spirituelle appartenant au propriétaire de l’instrument. Autrefois, par exemple lors des dernières funérailles, lorsqu’il y avait deux groupes de danseurs, certains non-danseurs d’un groupe jetaient des sorts aux danseurs de l’autre groupe afin de faire venir ces derniers chez eux. Pour accepter cette idée, il faut comprendre le contexte même des dernières funérailles, qui est bien sûr de lever le deuil et d'honorer le défunt, mais qui est également, pour l'organisateur, une manière de se faire reconnaître et d'inscrire son nom dans la mémoire collective. Pour cela, il sacrifie un ou plusieurs bœufs, fait préparer de grandes quantités de victuailles et de bière de sorgho. Il y a le plus souvent surenchère, chacun voulant, quand ces moyens le lui permettent, faire mieux que son voisin ou ses parents pour gagner une plus grande reconnaissance. S'il y a, lors de ses dernières funérailles, plus de danseurs qu'à celles du voisin qui se déroulent simultanément, il jouira d'une plus grande renommée. Ainsi, autrefois, plus il y avait de danseurs qui tombaient dans la partie adversaire, plus s'installait une peur collective les conduisant à changer de lieu de danse. Selon la croyance, certains sorts lancés à leur encontre pouvaient même percer la peau du koto, anéantissant ainsi toute la danse. Ces pratiques n'existent plus chez les Gan mais perdurent chez leurs cousins les Docsé. Théoriquement, le koto canalise les sorts grâce à l'entité spirituelle (sɩ̃ diyeeme ou sɩ̃ nyɑɑmɑ) qui lui est associée, une entité préexistante qui est découverte par la divination. Les sorts sont désacralisés et matérialisés par l'entité. A l’issue d’une fête, on retrouve, à l’intérieur du tambour, des amulettes telles queues d’animaux plantées d’aiguilles, queues simples, poils, bagues... On signale parfois « la présence de rayons lumineux semblables à de grandes étincelles entrant dans le tambour » au cours de certaines fêtes.
Les joueurs de koto sont protégés par son entité spirituelle et le propriétaire du tambour l'est par ses propres entités.

© ASPAC - Patrick Kersalé 1994-2020

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