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Siamou

Textes, photos, audios © Patrick Kersalé

Introduction par Patrick Kersalé

L'origine des Siamou est obscure. Ils se nomment eux-mêmes Semɛ ou Semɛ̃. Ils se concentrent dans la ville d’Orodara, qu’ils auraient fondée, et dans ses environs dans les villages de Nialé, Diéri, Dioussogo, Diyrni (maintenant Koutoudéni regroupant 2 villages), Lidara, Tin, Bandougou. Ces trois derniers villages sont les plus conservateurs des traditions tandis que les autres ont subi une forte islamisation.

D'après Augustin Sondé Coulibaly, il n’y aurait pas de clan chez les Siamou, mais en pratique, il y en a. Pour certaines manifestations, comme les funérailles sèches kõnõ niɛ dédiées à une certaine catégorie d’initiés mâles kpɑ̃kɑ, la décision de célébrer ces funérailles n’est pas prise au niveau de l’ethnie mais du clan de la lignée parentale. Dès lors, on entre de plein pied dans le système clanique. 

Instruments musicaux des Siamou

Les Siamou jouent, comme toutes les ethnies du Burkina Faso, des instruments musicaux différentiés selon les cérémonies ou les moments de la vie quotidienne. Nous avons pu en répertorier un certain nombre.

Les xylophones (balafons)
Pour les généralités concernant cet instrument, voir la page dédiés au balafon.

En langue semɛ̃, le balafon est appelé ɲɛl. Les Siamou en utilisent trois types :

  • semɛ̃ ɲɛl, littéralement “xylophone semɛ̃” propre aux Siamou, joué dans toutes les cérémonies rituelles y compris les cérémonies secrètes. 

  • śa ɲɛl, littéralement “xylophone Sa”, instrument emprunté à l’ethnie Tusjɛ̃ appelée Śa par les Siamou.

  • bɑm’bar ɲɛl, littéralement “xylophone bambara”, instrument emprunté à cette ethnie.

Ces deux derniers ɲɛl sont joués au cours des réjouissances.
 

Le jeu du ɲɛl
La base de jeu du ɲɛl n'est pas mélodique, mais plutôt une transposition instrumentale de la parole. La langue semɛ̃ étant tonale, les musiciens reproduisent sur l'instrument, les timbres et les tonalités du langage.

Il existe deux manières d'aborder le jeu du ɲɛl
1. Le musicien joue et chante :

  • le ɲɛl répète une phrase chantée,

  • le chant répète une phrase jouée, 

  • la même phrase est simultanément jouée et chantée. Dans ce cas, le jeu du ɲɛl étant plus rapide que le débit des paroles, le musicien joue des phrases mélodiques de remplissage, chaque interprète ayant développé ses propres formules. Autrefois, celles-ci pouvaient être réduites à la répétition d'une note unique.

2. Le musicien joue sans chanter : il s'exprime alors d'une manière codée par transposition des paroles sur le ɲɛl.

Le bɑm’bar ɲɛl est joué par paire : soliste et accompagnement. Les deux sont doués de parole. Cependant, le soliste est le maître de cette parole. L'instrument d’accompagnement soutient le rythme par répétition de phrases constituées de seulement quelques notes et reprend des messages lancés par le soliste.
Dans le jeu du ɲɛl, il y a également des parties d'improvisation au cours desquelles un auditeur averti peut déceler un message joué involontairement. Ce type de message peut être interprété comme une communication liée aux esprits.
Au cours des réjouissances, on peut distinguer deux types de public : des initiés — danseurs ou non danseurs — qui comprennent les messages joués et des danseurs ne cherchant qu'à se distraire.

Apprentissage du ɲɛl
Chez les Siamou, les joueurs de ɲɛl sont exclusivement des griots, musiciens professionnels de caste. L’apprentissage commence dès le plus jeune âge, dès que l’enfant sait marcher. Il s’assied face à son initiateur et apprend à frapper par mimétisme. Au début, il joue une note unique afin d’acquérir le sens du rythme. Puis, dès qu'il sait parler, il est en mesure d’apprendre à faire parler le ɲɛl. L’enfant joue alors sous dictée verbale, répétant sur l’instrument, les paroles comprises.

Harpe-luth kuśu
La harpe-luth, connue dans tout le pays mandingue sous le terme dozon kᴐni ou n’goni, est nommée kuśu en langue semɛ̃. C’est l’instrument avec lequel les chasseurs expriment leurs chants sur les animaux et la chasse. Il est constitué d'une caisse de résonance faite dans une grosse calebasse et d'un long manche sur lequel viennent s'accrocher sept cordes. L'extrémité du manche est surmontée d’une petite plaque de métal entourée d'anneaux de fer, tintant sous l’effet de la vibration des cordes.

Tambour cylindrique dundum
Tambour cylindrique, réalisé ici avec un bidon métallique recouvert de deux peaux tendues par un système de laçage. Posé horizontalement sur le sol, il est frappé à l'aide d'une baguette de bois courbée ou droite.

Tambour en gobelet jenbe
Le jenbe (djembé) est un instrument d'origine mandingue aujourd'hui répandu dans toute l'Afrique de l'ouest.
Sur le plan organologique, il est classé parmi les tambours en gobelet. La partie supérieure du fût est recouverte d'une peau de chèvre tendue par un système de laçage en cordelettes de Nylon. La partie inférieure est quant à elle ouverte.
Le jeu instrumental est basé sur trois frappes manuelles principales nommées basse, claqué et tonique.

Tambour bàbì
Tambour hémishérique en argile frappé avec deux baguettes.

Racle kjɛkõ
Racle formé d'un tube de métal strié de 20 à 30 cm de longueur et d'environ 4 cm de diamètre. Il est raclé avec une tige métallique.

Sistre kuśiamõ
Les sistres se composent d'une tige de bois sur laquelle sont enfilées des rondelles de calebasses.

Clochette à battant externe

Clochette en fer à battant externe constituée de deux demi-cônes reliés par une anse, et d’un épais anneau percuteur fait dans le même matériau. Pour jouer, l’index est introduit dans l’anse de la clochette tandis que l’anneau percuteur est passé comme une bague autour du pouce. Les trois doigts libres projettent la clochette contre l’anneau métallique.

Hochet kokuo

Petit hochet tressé à percuteurs internes.

Enregistrements

Nous vous offrons ici une série d'enregistrements effectués le 14 février 1996 à Orodara et ayant fait l'objet d'un disque intitulé Réjouissances chez les Siamou publié aux Éditions VDE-Gallo. Toutes les pièces sont interprétés par la jeune troupe de griots d’Orodara : Tingaï. Les deux joueurs de bɑm’bar ɲɛl, piliers de la troupe, ont été formés par l'un des plus célèbres musiciens siamou, le griot Kibiè Diabaté. Né vers 1930, il a commencé à jouer le ɲɛl à l'âge de quatre ans, cumulant une expérience d’environ soixante années de pratique quotidienne !

Les musiciens : Issiaka Diabaté : kuśu, bɑm’bar ɲɛl solo, chant. Zoumana Diabaté : bɑm’bar ɲɛl accompagnement. Broureïma Diabaté : jenbe. Mamadou Diabaté : dundum. Lamoussa Diabaté : dundum. Eliace Barry : kjɛkõ.

samá faga múgú :  la poudre qui tue l’éléphant -
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Nul n’a d’ennemi - Tingaï
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Nul n'a d'ennemi. Seule la maladie est le véritable ennemi.

Blâme des jeunes filles frivoles - Tingaï
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Blâme des jeunes filles frivoles qui traînent à l'extérieur.

Travaillez pour la nation - Tingaï
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Travaillez pour la nation. Appel à la mobilisation des travailleurs.

Mon amour - Tingaï
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Mon amour. Message envoyé à sa bien-aimée afin qu'elle ne l'oublie pas.

Il faut travailler pour gagner sa vie - Tingaï
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Il faut travailler pour gagner sa vie.

L’entente est la meilleure solution - Tingaï
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Dans tout conflit, l'entente est toujours la meilleure solution.

Chacun a son amour - Tingaï
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Chacun a son amour.

L'amitié est préférable à la richesse - Tingaï
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L'amitié vaut mieux que la richesse. Les richesses matérielles peuvent s'épuiser, mais le véritable ami est toujours là.

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