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Tambour kɑ̃gõgo
Dans cette séquence, les femmes chantent en deux langues : ká̃asa et jula ; mais curieusement, toutes ne comprennent pas le sens de cette dernière langue qu’elles n’utilisent pas pour le langage courant. Le chœur répond au minthoreego qui tient à la fois le rôle de soliste en répétant une phrase unique et celui de « choriste » en reprenant cette même phrase avec lui.
Thème du chant : « Qu’elle que soit votre souffrance, le crapaud des mers ou des rivières vous en délivrera. »
Interprètes : minthoreego, Dantien Farma ; kɑ̃gõgo, Atébé Farma.
Description
Pluriel : kɑ̃gõso. Tambour à variation de tension en forme de sablier, à deux peaux (wᴐᴐse're) tendues par un jeu de lanières de cuir.

Jeu
L’instrument est tenu sous le bras. On frappe une des peaux à l’aide d’une baguette coudée (kɑ̃goŋ bᴐ'rᴐ). On écrase avec plus ou moins de force les lanières de cuir contre le flanc pour faire varier la tension de la peau et par conséquent la hauteur tonale.
Utilisation
Il fait accessoirement partie de l'ensemble du tambour royal ('ɩthɑ minise). C'est un instrument de communication utilisé lors des rituels précédant l'intronisation du roi pour prévenir les prêtres-sacrificateurs à chaque fois qu'est visitée l'une des dix entités spirituelles du parcours initiatique. Il accompagne le xylophone minthoreego lors du tok kpoko et est utilisé pour éveiller l’esprit Mɑɑsɛ. Cet esprit a été apporté au pays gan en 1850 par le roi Sáb Dɩngɑrɑ, qui était allé le chercher à Kpɩgdɑɑbɩ en Côte d’Ivoire afin de protéger la population contre les attaques des Lobi, ennemis héréditaires des Gan. Ainsi, pour éveiller cet esprit, — symbolisé par une canne, une chaîne, une clochette (keríge), le tout en fer et un bracelet de cuivre rouge porté par le prêtre sacrificateur — on joue le kãgõgo avant d’effectuer des sacrifices en son honneur. Lors du sacrifice à l’esprit Mɑɑsɛ, le joueur de kãgõgo échange des paroles avec le sacrificateur : paroles codées sur le tambour et paroles en langage concret proférées par le sacrificateur. Au moment des sacrifices, on agite la clochette-attribut pour appeler cet esprit, nommé génériquement Sɩ̃ Khɑ̃gɑ (Grand Esprit) et considéré comme un roi. Il se trouve dans le quartier de Sɑ̃mɛ à Munyi. Le prêtre qui a la charge de communiquer avec cet esprit a pour interdit (sɩ̃mɩsɑ) de ne pas manger de petit mil et de ne pas sacrifier de chèvre pour l'esprit.
Cet esprit a depuis été installé dans divers villages gan et même lobi.
Ethnies voisines possédant cet instrument
Les Dyan accompagnent leur xylophone avec cet instrument dont le nom est formé avec la même racine : gɑ̃gõku.