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Dyan

Audios et commentaires en cours

Textes, photos, audios © Patrick Kersalé

Introduction par Patrick Kersalé

Les faits rapportés ici datent de 1998. Les enregistrements que nous publions ici sont nés de la rencontre de deux hommes de l’ethnie Dyan : Urbain Kam, président de l’ASPAC et Laka Palm, instituteur à la retraite qui tentait depuis longtemps de désenclaver son village natal, Bonfesso. L’un et l’autre se sont associés pour que la musique dyan et, par extension, les Dyan, sortent de l’ombre. Une partie de ces enregistrements ont été réalisés dans le village de Loto (5 km à l’ouest de Diébougou) et la majorité d’entre eux à Bonfesso, situé à 8 km au sud-ouest de Bondigui. 

Selon Laka Palm, Bonfesso a été fondé par un dénommé Sié Buon Gniminou. Venu de Poura, il est passé par Bouroum-Bouroum, Nyoro-Nyoro, Gankoro puis s'est arrêté à Touné. Touné semble avoir été un chasseur. Arrivé sur la montagne de Diaragadougou il aperçut des hameaux, mais ceux-ci n'appartenaient pas à Diaragadougou. Il partit alors voir les gens de ce dernier village et leur demanda si la terre qu’il avait aperçu du haut de la montagne leur appartenait. Ils lui répondirent affirmativement. Il demanda alors s'il pouvait s'y installer. On lui répondit que s'il voulait s'y installer il devait offrir un canari de bière de mil, un bélier blanc et un coq blanc. Il porta sa charge sur quatre kilomètres (traditionnellement, ceci est la charge des femmes). Les gens du village se dirent qu'il tenait vraiment à cette terre et la lui donnèrent. Ainsi le village fut fondé.  C’était en 1770.
Depuis ce jour, chefs de terre et chefs de village se succédèrent dans ce village sans qu’aucun étranger ne fût autorisé à y séjourner. Dès le départ, le village s’est replié sur lui-même. La détermination de Laka Palm lui a permis de convaincre une partie de ses compatriotes d’aller de l’avant et de sortir de leur léthargie. C’est ainsi que notre petite équipe de recherches a pu pénétrer pour la première fois dans ce village et enregistrer sur quelques jours ces trésors musicaux.
En 1998, le village comptait environ 600 habitants.

La musique

Différentes formes sonores accompagnent la vie quotidienne des Dyan. Il n’existe, dans la langue dyan, aucun terme générique pour désigner « la musique ». Voici une liste non-exhaustive des différentes activités, avec leur mode d'accompagnement et le sexe des protagonistes : 


Endormissement des enfants : chant solo (F)
Mouture du mil sur la meule dormante : chant solo (F)
Initiation aux génies (?) : xylophone (H)         
Initiation à la divination : xylophone (H)
Passe-temps : arc-à-bouche avec ou sans chant, harpe fourchue et chant (H)
Encouragement du labour : chant (H) et instruments (sifflets et trompe) (H)
Jeu de tuuniu : chant (F)
Funérailles : chant (F) & orchestre (xylophone, tambours) (H)
Levée de deuil (dernières funérailles) ?
Préparation du beurre de karité : chant (F)

Les chants
Hommes et femmes chantent chez les Dyan, mais chacun selon son répertoire. Quand ils ne sont pas interprétés en solo comme par exemple les berceuses, ils revêtent des caractéristiques communes.


Type de voix : la voix est presque toujours forcée.
Organisation des voix : polyphonique parallèle (homophonique).
Organisation des sections : antiphonie entre soliste tournant et chœur avec ou sans tuilage.
Formes vocales accidentelles : ioulements, cris.

 

Dénomination des instrumentistes
Les joueurs de chaque instrument sont appelés du nom de l’instrument suivi du suffixe « ija » se substituant au suffixe « ku » quand il existe. Ainsi, le joueur de xylophone se nomme čõ-ijɑ, le tambourinaire gãgõ-ijɑ et le flûtiste teele-ijɑ

 

Berceuse chantée par Mini Kam et Dahourou Kam au village de Bonfesso (3 janvier 2000).

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